Publié par : Darius Lahoutifard | décembre 13, 2012

Georges Doriot était français!

Connaissez-vous Georges Doriot (1899 – 1987)?

Ce français est considéré comme le père et l’inventeur du capital risque américain!

Georges Doriot

Georges Doriot – Photo Bibliotheque de Harvard Business School

Né à Paris le 24 Septembre 1899, Georges Frédéric Doriot s’engage dans l’armée française lors de la première guerre, son lycée à peine terminé. Dès la fin de la guerre, il quitte la France pour les Etats-Unis pour y faire ses études mais la situation économique de la France d’après-guerre n’étant pas propice, il décide de s’y installer. En effet, intéressé par les cours de Business, il devient prof à Harvard Business School à la fin de ses études et s’installe définitivement aux USA.

Georges Doriot a passé son enfance à Courbevoie en région parisienne. Sa mère était institutrice et son père un ingénieur mécanicien entrepreneur; Auguste Doriot a d’abord travaillé chez Peugeot, à Beaulieu prés de Sochaux, aux côtés d’Armand Peugeot, l’ingénieur Centralien fondateur de Peugeot. Plus tard, après une carrière réussie chez Peugeot, il crée l’entreprise Doriot, Flandrin & Parant, petit constructeur automobile de la même marque (DFP) entre 1906 et 1923, qu’il introduit en bourse avec succès mais perd l’essentiel de sa fortune au moment de la Première Guerre Mondiale.

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W.O.Bentley au volant d’une DFP

On dit que l’expérience entrepreneuriale de son père a rendu Georges Doriot conservateur – car il savait qu’on pouvait perdre en affaire par des évènements incontrôlables – mais aussi compétitif et combatif car son père était très exigeant quant à ses performances scolaires.
Après une première carrière de professeur à Harvard, il se fait naturaliser américain et entre dans l’armée américaine à 41 ans en tant que lieutenant colonel pour finir sa carrière militaire, quelques années plus tard, comme brigadier général. Il y exerce des responsabilités de recherche, de développement et de planning stratégique.

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Ken Olsen, President-Fondateur de DIGITAL EQUIPMENT Corp.
Photo Yunghi Kim/Globe Staff

A 47 ans, il retourne à Harvard et fonde ARDC (American Research and Development Corporation) avec l’aide de Karl Compton, ex-Président de MIT, et Ralph Flanders, sénateur du Vermont, avec un fond initial de $3.4M seulement. ARDC est considérée comme la première société de Capital Risque au monde. La vie de cette première société de capital risque n’a pas été facile, loin de là, mais au moins une success story est restée dans les mémoires. Onze ans après son lancement, en 1957, ARDC a investi $70k dans une startup de la région de Boston du nom de DEC (Digital Equipment Corporation), en échange de 70% de son capital. Remarquez comment les temps et les valorisations ont changé depuis! Pour ceux qui ne l’ont pas connu, DEC était le numéro deux de l’informatique après IBM dans les années 70 et 80. Elle a lancé les premiers mini-ordinateurs, d’abord les PDP puis les VAX avec le système d’exploitation VMS, un des plus évolués des années 80 sur lesquels j’ai fait mes premiers pas dans l’informatique. DEC a été au sommet pendant deux décennies, avec une réputation technologique forte, avant d’être attaquée sur le marché par les stations de travail, notamment de SUN sous Unix, et fusionnée avec COMPAQ dans les années 90 qui se retrouve aujourd’hui dans le giron de HP. Mais lors de l’introduction en bourse de DEC en 1968, la part de ARDC dans DEC était valorisée à $355M soit un TRI de plus de 100% par an (TRI = taux de rentabilité interne, c’est l’indicateur de performance des fonds de capital risque ou de tout investissement). A la sortie, Georges Doriot (ou ARDC) a récupéré $400M.

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En 1957, il réalise son rêve d’un Business School Européen, comparable à Harvard Business School, et fonde INSEAD à Fontainebleau en région parisienne, avec l’aide de deux autres français, Claude Janssen et Olivier Giscard d’Estaing qui avaient également fait leurs études à HBS.
Par sa créativité et son innovation dans le business, Georges Doriot et ses compères ont joué un rôle clé dans la transformation historique des Etats-Unis, à la fin du XXème siècle, au cours de laquelle une nation dominée par de très grandes entreprises comme les poids lourds de l’industrie automobile, de la sidérurgie ou des pétroliers, a basculé vers une économie menée par des jeunes sociétés à croissance rapide, souvent financée par le capital risque comme Intel, Microsoft, Oracle et Apple ou encore les extra-rapides au XXIème siècle comme Google et Facebook .

L’histoire de Georges Doriot montre que la France était tellement en avance dans la culture d’entreprenariat, il y a à peine un siècle, qu’elle en exportait le concept et les acteurs.

Quant à l’origine du mot français « entrepreneur » dans la langue anglaise, elle date du XVIIIème siècle. Il a été utilisé pour la première fois par Richard Cantillon, l’économiste franco-irlandais. Cela ne date donc pas d’hier. A ce sujet, une fausse blague circule depuis quelques années sur Internet, attribuée à Georges W. Bush, soi-disant prononcée en Juillet 2002 lors d’un sommet des chefs d’Etats et de gouvernements avec Jacques Chirac et Tony Blair, pour couvrir les problèmes économiques du moment; il aurait dit : « The problem with the French is that they don’t have a word for entrepreneur. » 🙂

Pour en savoir plus sur la vie de Georges Doriot, je vous recommande le livre « Creative Capital » par Spencer Ante.

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Irvine, Californie, Décembre 2012,
Darius Lahoutifard


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