Publié par : Darius Lahoutifard | novembre 29, 2012

L’Invention Française et l’Innovation Américaine.

Les_echos_2C’est bien connu, le français est plus cérébral que manuel. Il est artiste, créatif, imaginatif et inventif. Il excelle, dès son plus jeune âge, dans les matières comme les mathématiques. Le nombre de français-inventeurs a toujours été supérieur à la moyenne des nations développées. Une étude récente de Thomson-Reuters plaçait même la France au 3e rang mondial, selon le critère du nombre de brevets considérés comme réussis, après les Etats-Unis et le Japon, en tête des pays de l’UE et devant la Chine et la Corée. Le français développe facilement des théories et est excellent pour intellectualiser des débats. Il réalise des films avec des dialogues interminables requérant des heures d’analyse avant de comprendre le message subliminal. Il continue d’enseigner la philosophie, non seulement en cycle d’ingénieurs et d’Ecoles de Commerce, mais aussi et surtout, au lycée! Il y a même une épreuve spéciale au baccalauréat pour la philosophie. Le français est un intellectuel inventif.

L’américain, quant à lui, est pragmatique, manuel, homme d’action qui s’intéresse surtout au résultat. Le niveau scolaire des mathématiques d’un jeune diplômé d’enseignement secondaire aux Etats-Unis est comparable à celui d’un collégien français mais il fait quatre fois plus de sport que le français. Sa connaissance de l’histoire du monde, de la géographie ou des langues vivante est bien inferieure au niveau de son homologue français ce qui détermine sa personnalité d’adulte qui sera  moins cultivée et plus superficielle que celle du français. En classe de terminale, le lycéen américain apprend des détails pratiques de l’économie et des finances comme, par exemple, le trading des titres en bourse ou la gestion d’un budget de famille, mais il passe rapidement sur l’histoire de l’art ou l’impact des pensées des philosophes grecs sur notre société actuelle. En physique, il commence par constater un phénomène, avant d’en connaitre les raisons, là où le français apprend le raisonnement en premier et constatera à la fin du cours de manière anecdotique un exemple d’application. En cours de mathématiques, il commence par des exemples pour comprendre une tendance, puis une règle et, enfin, un théorème pour lequel il donnera accessoirement une preuve. Il réalise des films d’actions et d’aventure qui se terminent par une morale simple, directe et une fin heureuse. L’aventure, il l’a dans son ADN, ses parents originaires de pays lointains ont dû émigrer pour être là où il se trouve à l’heure actuelle. Il déteste l’immobilisme, est très positif et ambitieux. Avec le rêve américain en tête, il est à la recherche permanente de l’amélioration de tout, ce qui  le pousse à trouver toujours mieux. C’est comme cela que l’américain innove en pratique.

Alors vous me direz, il y en a un qui invente et l’autre innove; c’est pareil, non?

Non! L’innovation est un processus dans lequel il y a l’invention (d’une idée de produit ou de service en rapport avec les besoins d’un marché), mais aussi la réalisation, la commercialisation et l’assurance de l’adoption de l’invention. L’invention est un des éléments de l’innovation. L’invention devient innovation quand elle est pratiquée.

Les exemples d’inventions françaises sont nombreux. Le plus marquant selon moi fut le minitel. Vous savez, le système de communication en temps réel, basé sur un réseau publique disponible partout en France, dès 1980! Il avait toutes les caractéristiques techniques fondamentales du web, bien avant le web, mais il n’a pas eu la stratégie marketing/produit adaptée et ambitieuse. Il est désormais une invention oubliée.

Quelles conséquences pour l’entrepreneur?

L’impact pour l’entrepreneur est énorme. Quand vous créez une entreprise vous êtes, par définition, nouveau sur le marché. Vous n’avez pas de référence donc vous cherchez des clients qui osent vous essayer et vous évitez ceux qui vous réclament des références tout simplement parce que vous n’en avez pas. Si vous démarrez votre activité avec un produit ou un service innovant, alors là n’en parlons pas! Non seulement votre entreprise est récente mais, en plus, vous voulez vendre un produit ou un service que personne d’autre n’a utilisé?

Quand vous démarrez une entreprise avec un produit ou un service innovant en France, vous allez intéresser rapidement le client français, intellectuel et inventif, qui va être très curieux de votre invention. Ses yeux brillent. Il admire autant votre invention que votre courage d’avoir entrepris. Il vous fera passer de bons moments d’échanges et de discussions. Quand vous sortez votre bon de commande et lui demandez de signer, il vous demande: « Mais qui a déjà acheté chez vous? Quelles sont vos références? » et c’est à ce moment précis que  tout s’effondre car vous n’en avez pas et il vous invite à le contacter quand vous en aurez, car il n’imagine même pas comment il pourra utiliser votre produit ou votre service s’il est le premier à le faire. En outre, si vous avez la chance d’avoir quelques références, il ne s’arrête pas là; il veut les contacter et poser des questions jusqu’aux détails de l’utilisation pour se rassurer et, très souvent, il ne se rassure pas.

Pour l’américain, c’est souvent le contraire. Quand il apprend que vous avez un produit ou un service nouveau, il veut le voir en présentation ou démonstration. Il pose des questions très pratiques. Parfois, il l’essaie. S’il est convaincu de l’utilité de votre produit ou service, le fait que vous n’ayez aucune référence ne le dérange pas. Parfois même au contraire, il tient à être le premier de son marché à utiliser l’invention. Il fonce vers une transaction win-win via laquelle il profite de votre nouveau produit, avant ses concurrents et vous l’aidez dans cet objectif pour l’avoir comme référence.

La comparaison du français et de l’américain est assez analogue quand vous les mettez du côté du fournisseur. Là où le français est créatif et imaginatif pour la conception de son produit ou de son invention, l’américain est particulièrement habile et talentueux pour le marketing, la vente et le service client attaché à son invention.

Qu’il soit client ou fournisseur, l’aventurier américain adopte le produit ou le service pour innover, alors que le français, intellectuel mais conservateur, s’arrête souvent à l’admiration de l’invention.

De mon expérience, si la culture française est particulièrement propice à l’invention, c’est aux Etats-Unis que l’innovation se réalise le mieux.

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Irvine, Californie, Novembre 2012,
Darius Lahoutifard

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Réponses

  1. Remarques très éclairantes : comment modifier l’enseignement en France ?

  2. […] ? Dans un article intitulé « Invention française face à l’innovation américaine » ici sur le site du livre « Entreprendre-aux USA » et ici, dans le Cercle des Echos,  j’avais analysé l’approche des français qui malgré leur […]


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